Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/392

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une telle quantité d’or et d’argent ou de vêtements, que le roi, voyant cela, crut qu’il ne lui restait plus rien. La reine, s’apercevant de son mécontentement, se tourna vers les Francs, et dit : « Ne croyez pas, ô Francs, qu’il y ait rien là des trésors des rois précédents. Tout ce que vous voyez est tiré de mes propriétés, car le roi très glorieux a été très libéral envers moi, et j’ai amassé beaucoup de choses par mon labeur, et beaucoup d’autres viennent de ce que j’ai recueilli tant sur les fruits que sur les tributs des maisons qui m’ont été concédées. Vous m’avez fait aussi beaucoup de présents, desquels j’ai composé ce que vous voyez devant vous, car il n’y a rien là des trésors publics. » Et ainsi elle trompa l’esprit du roi. Il y avait une telle immensité de choses que, tant en or qu’en argent, et autres choses précieuses, on emmena cinquante chariots. Les Francs apportèrent aussi beaucoup de présents ; les uns de l’or, les autres de l’argent, quelques-uns des chevaux, plusieurs des vêtements ; chacun donna ce qu’il put. La jeune fille ayant dit adieu avec beaucoup de larmes et d’embrassements, lorsqu’elle sortait de la porte, l’essieu d’une des voitures cassa ; tous se dirent alors à la malheure, ce que quelques-uns prirent pour un augure. Étant ensuite partie de Paris, elle ordonna de dresser ses tentes à huit milles de la ville. Durant la nuit, cinquante hommes de sa suite se levèrent, prirent les cent meilleurs chevaux, tous les freins d’or, deux grandes chaînes, et s’enfuirent vers le roi Childebert. Durant tout le chemin, tous ceux qui pouvaient s’échapper prenaient la fuite, emportant avec eux tout ce qu’il leur était possible d’attraper.