Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/401

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donner au bien tant en actions qu’en pensées, disant : « Faites ainsi, afin que si Dieu veut vous retirer de ce monde, vous puissiez entrer, non en jugement, mais en repos. » Sachant, comme je le crois, par la révélation du Seigneur, qu’il allait être appelé auprès de lui, il disposa son cercueil, lava son corps, revêtit une robe, et le visage tourné vers le ciel, il rendit l’âme en paix. Il était d’une grande sainteté et sans la moindre cupidité, ne voulant jamais avoir d’or. S’il était forcé d’en recevoir, il le distribuait aussitôt aux pauvres. De son temps, le patrice Mummole [Mummolus] emmenant captifs un grand nombre de citoyens de cette ville, il le suivit et les racheta tous. Le Seigneur accorda à lui et à son peuple une si grande faveur que ceux qui emmenaient les captifs lui rendirent quelque chose du prix, et lui firent des présents sur le reste : ainsi il rétablit dans leur ancienne liberté les prisonniers de sa patrie. Je sais encore un grand nombre de belles actions de ce saint homme, mais j’en passe beaucoup sous silence, parce que je veux retourner à l’histoire que j’ai commencée.

Lorsque Chilpéric eut trouvé la mort qu’il cherchait depuis longtemps, les Orléanais et les Blaisoisi réunis se jetèrent sur les gens de Châteaudun, et les massacrèrent à l’improviste ; ils incendièrent les maisons, les provisions, et tout ce qu’il leur était difficile d’emporter ; ils s’emparèrent des troupeaux, et pillèrent tout ce qu’ils purent enlever. Pendant qu’ils se retiraient, les habitants de Châteaudun et de Chartres s’étant réunis, et ayant suivi leurs traces, leur firent subir le même traitement qu’ils en avaient reçu, et ne laissèrent rien dans les maisons ni dehors. Des que-