Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/405

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étaient ensemble, la reine se leva, et dit adieu au roi, qui la retint, en lui disant : « Prenez encore quelque chose. Elle lui dit : Permettez-moi, je vous en prie, seigneur, car il m’arrive, selon la coutume des femmes, qu’il faut que je me lave pour enfanter. » Ces paroles le rendirent stupéfait, car il savait qu’il n’y avait que quatre mois qu’elle avait mis un fils au monde : il lui permit cependant de se retirerv.

Les principaux du royaume de Chilpéric, tels qu’Ansovald et autres, se rassemblèrent auprès de son fils né, comme nous l’avons dit, de quatre mois, l’appelèrent Clotairevi, firent prêter, aux cités qui appartenaient auparavant à Chilpéric, le serment de fidélité au roi Gontran et à son neveu Clotaire.

Le roi Gontran ayant égard à la justice, rendit tous les biens que les fidèles de Chilpéric avaient injustement enlevés à divers gens. Il fit aussi beaucoup de présents aux églises, et il fit revivre les testaments des morts qui avaient institué les églises leurs héritiers, testaments qui avaient été supprimés par Chilpéric. Il se montra bienveillant envers beaucoup de gens, et fit beaucoup de bien aux pauvres.

Comme il n’était pas sûr des hommes parmi lesquels il était venu [les Parisiens], il se munit d’armes, et il n’allait jamais à l’église ou dans quelque autre des lieux qui lui plaisaient, sans être accompagné d’une garde considérable. Il arriva qu’un certain dimanche, après que le diacre eut fait faire silence au peuplevii, pour qu’on entendit la messe, le roi s’étant tourné vers le peuple dit : « Je vous conjure, hommes et femmes qui êtes ici présents, gardez-moi une fidélité inviolable, et ne