Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/410

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sans de Childebert ayant été alors chassés de la ville, les habitants prêtèrent au roi Gontran un serment qu’ils n’observèrent pas long-temps.

Le temps fixé pour le plaid étant arrivé, le roi Childebert envoya vers le roi Gontran l’évêque Ægidius, Gontran Boson, Sigewald et beaucoup d’autres. Lorsqu’ils furent entrés, l’évêque dit : « Nous rendons grâce au Dieu Tout-Puissant, ô roi très pieux, de ce qu’après bien des fatigues il t’a remis en possession de tes pays et de ton royaume. Le roi lui dit : On doit rendre de dignes actions de grâces au Roi des Rois, au Seigneur des Seigneurs dont la miséricorde a daigné accomplir ces choses ; on ne t’en doit aucune à toi qui, par tes perfides conseils et tes fourberies, as fait incendier l’année passée tous mes États ; toi qui n’as jamais tenu ta foi à aucun homme, toi, dont l’astuce est partout fameuse, et qui te conduis partout, non en évêque, mais en ennemi de notre royaume ! » À ces paroles, l’évêque, saisi de courroux, se tut. Un des députés dit : « Ton neveu Childebert te supplie de lui faire rendre les cités dont son père était en possession. Gontran répondit à celui-ci : Je vous ai déjà dit que nos traités me confèrent ces villes, c’est pourquoi je ne veux point les rendre. Un autre député lui dit : Ton neveu te prie de lui faire remettre la criminelle Frédégonde, qui a fait périr un grand nombre de rois, pour qu’il venge sur elle la mort de son père, de son oncle et de ses cousins. » Le roi lui répondit : « Elle ne pourra être remise en son pouvoir, parce qu’elle a un fils qui est roi ; je ne crois pas à la vérité de tous les crimes que vous lui imputez. » Ensuite