Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/429

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forma avec empressement s’il y avait quelqu’un en cet endroit qui eût été digne de recevoir quelques reliques de saint Serge. L’évêque Bertrand forma alors le dessein de lui livrer un certain négociant nommé Euphronius, qu’il haïssait parce qu’avide de ses biens il l’avait fait raser autrefois et malgré lui, pour le faire clercxxv ; ce que voyant, Euphronius passa dans une autre ville, et revint lorsque ses cheveux eurent repoussé. L’évêque dit donc : « Il y a ici un certain Syrien, nommé Euphronius, qui, ayant transformé sa maison en une église, y a placé les reliques de ce saint ; et, par le pouvoir du martyr, il a vu s’opérer plusieurs miracles ; car, dans le temps que la ville de Bordeaux était en proie à un violent incendie, cette maison, entourée de flammes, en fut préservée. » Aussitôt Mummole courut promptement avec l’évêque Bertrand à La maison du Syrien ; l’ayant entourée, il lui ordonna de lui montrer les saintes reliques. Euphronius s’y refusa ; mais, pensant qu’on lui tendait des embûches par méchanceté, il dit : « Ne tourmente pas un vieillard, et ne commets pas d’outrages envers un saint ; reçois ces cent pièces d’or, et retire-toi. » Mummole insistant pour voir les saintes reliques, Euphronius lui offrit deux cents pièces d’or ; mais il n’obtint point à ce prix qu’ils se retirassent sans avoir vu les reliques. Alors Mumrnole fit dresser une échelle contre la muraille (les reliques étaient cachées dans une châsse au haut de la muraille, contre l’autel), et ordonna à son diacre d’y monter. Celui-ci, étant donc monté au moyen de l’échelle, fut saisi d’un tel tremblement lorsqu’il prit la châsse, qu’on crut qu’il ne pourrait descendre vivant. Cependant,