Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réunis dans un repas, le roi Gontran exhorta toute son armée, disant : « Voyez, guerriers, que mon fils Childebert est déjà devenu un homme fait. Voyez, et gardez-vous de le tenir pour un enfant xxix. Renoncez aux méchancetés et aux prétentions que vous entretenez, car c’est le roi auquel vous devez maintenant obéir. » Après ces paroles, ayant prolongé pendant trois jours les festins et la joie, et ayant fait un grand nombre de présents, ils se séparèrent en paix. Alors le roi Gontran rendit à Childebert tout ce qui avait appartenu à son père Sigebert, lui recommandant de ne pas voir sa mère, de peur qu’on ne donnât à celle-ci quelque moyen d’écrire à Gondovald, ou d’en recevoir des lettres.

Gondovald, instruit de l’approche de l’armée et abandonné par le duc Didier, passa la Garonne avec l’évêque Sagittaire, les ducs Mummole, Bladaste et Waddon, et se dirigea vers Comminges xxx. Cette ville est située sur le sommet d’une montagne séparée de toutes les autres ; au pied de cette montagne coule une source abondante environnée d’un rempart très fort : on y descend de la ville par un canal, et on y puise de l’eau à l’abri de tout danger. Gondovald, étant entré dans cette ville au commencement du carême, parla ainsi aux citoyens : « Sachez que j’ai été élu roi par ceux qui sont dans le royaume de Childebert, et que j’ai avec moi des forces considérables ; mais, comme mon frère Gontran fait marcher contre moi une armée immense, il faut renfermer dans vos murs des vivres et toutes les choses nécessaires, afin que vous ne périssiez pas par la disette, jusqu’à ce que la clémence de Dieu augmenté encore