Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/448

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semblés, je dis : « Gardez-vous, ô hommes ! de persister dans vos crimes, de peur que le mal n’aille encore plus loin. Nous avons déjà perdu des enfants de l’Église ; je crains que cette querelle ne nous en fasse perdre encore d’autres ; soyez donc en paix, je vous en prie, et que celui qui a fait le mal s’en rachète avec charité, pour que vous soyez des fils pacifiques dignes d’obtenir du Seigneur le royaume des cieux ; car il dit lui-même : bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfans de Dieu[1] ! Voyons donc, et, si celui qui a fait la faute n’est pas assez riche, il sera racheté par l’argent de l’Église, car il ne faut pas que son âme périsse. » En disant ces mots, j’offris l’argent de l’Église ; mais le parti de Chramnisinde qui portait plainte de la mort de son père, de son frère et de son oncle, ne voulut pas le recevoir. Quand ils se furent retirés, Sichaire, se préparant à aller vers le roi, partit pour Poitiers, afin de voir sa femme. Comme il avertissait un esclave de travailler et qu’il le frappait de coups de verges, l’esclave tira son épée et ne craignit pas d’en frapper son maître. Sichaire étant tombé à terre, ses amis accoururent, et ayant arrêté l’esclave, ils le frappèrent de verges, lui coupèrent les pieds et les mains, après quoi ils le condamnèrent à la potence. Le bruit de la mort de Sichaire parvint à Tours. Chramnisinde en étant instruit, avertit ses parents et ses amis et courut à la maison de Sichaire ; pillant tous les biens et tuant quelques-uns des esclaves, il mit le feu à toutes les maisons tant de Sichaire que des co-propriétaires de cette métairie, et emmena avec lui les troupeaux

  1. Év. sel. S. Math. chap. 5, v. 9.