Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/460

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Un des gardiens xv de la porte vint dire d’un de ses camarades : « Seigneur roi, celui-ci a consenti à recevoir une récompense pour te tuer. » Celui qu’il accusait ayant été pris, fut frappé de coups et livré à beaucoup de tourments, mais sans rien déclarer de la chose sur laquelle on l’interrogeait. Beaucoup de gens disaient que cela avait été fait par fraude et par envie, parce que le roi aimait beaucoup celui de ces gardiens de la porte auquel on avait imputé un tel crime. Ansovald, saisi de je ne sais quel soupçon, quitta le roi sans lui dire adieu xvi. Le roi, revenu à Châlons, ordonna qu’on fit mourir par le glaive Boante [Boantus] qui lui avais toujours été infidèle. Sa maison fut entourée par les hommes du roi, et il périt tué par eux. Le fisc fut mis en possession de ses biens.

Comme ensuite le roi s’appliquait de toutes ses forces à poursuivre de nouveau l’évêque Théodore, et que Marseille était déjà rentrée sous la puissance de Childebert, le duc Rathaire fut envoyé par le roi Childebert, pour examiner en son nom cette affaire ; mais lui, négligeant les formes de procédure que lui avait prescrites le roi, fit entourer la maison de l’évêque, l’obligea de donner caution, et de se rendre en présence du roi Gontran, pour être jugé par le synode qui devait avoir lieu à Mâcon, et y être condamné par les évêques ; mais la vengeance divine, qui a continué de défendre ses serviteurs de la gueule des chiens furieux, ne s’oublia pas en ceci. L’évêque étant sorti de la cité, Rathaire s’empara des effets de l’église, prit les uns pour lui, et enferma les autres sous la garde de son sceau. Aussitôt qu’il eut agi ainsi, une cruelle maladie s’empara de ses serviteurs, qui moururent épui-