Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/470

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conta encore plusieurs autres miracles qu’il serait trop long de rapporter ici.

Pendant mon séjour dans ce lieu nous vîmes, durant deux nuits, des signes dans le ciel. Il parut du côté du nord des rayons d’une si brillante clarté qu’on n’en avait pas encore vu de pareils, et des deux côtés, à l’orient et à l’occident, étaient des nuages de couleur de sang ; la troisième nuit ces rayons apparurent vers la seconde heure xxiii, et voilà, pendant que nous les regardions avec étonnement, que des quatre points du monde s’en élevèrent de semblables ; nous en vîmes tout le ciel couvert. Il y avait au milieu du ciel une nuée brillante où les rayons allaient se réunir à la manière d’une tente dont les plis, beaucoup plus larges par en bas, se réunissent par le haut en guise de faisceau et forment comme une sorte de capuchon ; au milieu de ces rayons on voyait d’autres nuages ou des clartés flamboyantes. Ce signe nous pénétra d’une grande crainte, et nous nous attendîmes à voir le ciel nous envoyer quelque plaie.

Le roi Childebert, poussé par les lettres de l’empereur qui lui redemandait l’or qu’il lui avait donné l’année précédente, envoya une armée en Italie. On disait d’ailleurs que sa sœur Ingonde avait été transportée à Constantinople ; mais la division se mit entre ses chefs, et ils revinrent sans avoir fait aucune acquisition avantageuse. Le duc Wintrion xxiv, chassé par les gens du pays qu’il gouvernait, perdit son duché[1], et il aurait perdu la vie, s’il ne s’était échappé par la fuite ; mais ensuite, le peuple apaisé, il revint dans son gouvernement. Nicet, élevé après le renvoi d’Eulalius au

  1. La Champagne.