Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/48

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alors attachés à des cultes idolâtres ; ceux qui avaient cru étaient d’entre les pauvres, selon ce que le Seigneur reproche aux Juifs, disant : « Je vous dis, en vérité, que les publicains et les femmes prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu[1] xlii. » N’ayant pas obtenu la maison qu’ils demandaient, ils allèrent trouver un certain Léocade, l’un des premiers sénateurs des Gaules, qui était de la race de Vettius Épagatus, martyrisé à Lyon pour le nom du Seigneur, comme nous l’avons rapporté ci-dessus ; quand ils lui eurent présenté leur demande et déclaré leur croyance, il répondit : « Si la maison que je possède dans Bourges est digne de cet emploi, je ne la refuserai pas. » À ces mots ils se prosternèrent à ses pieds, lui offrant trois cents pièces d’or et un plat d’argent, et lui dirent que sa maison était digne de ce ministère. Après avoir accepté trois pièces d’or en signe d’amitié, et leur avoir généreusement rendu le reste, comme il était encore enveloppé dans l’erreur de l’idolâtrie, il se fit chrétien, et sa maison fait transformée en une église. C’est maintenant la première église de Bourges ; elle est arrangée avec un soin admirable et enrichie des reliques du premier martyr saint Étienne.

Valérien et Gallien montèrent sur le trône impérial

    tures, étaient appelés clarissimi et senatores. 2° Les sénateurs municipaux des principales villes de la Gaule, ou membres de la curie, corps municipal qui portait quelquefois le titre de senatus ; peut-être les magistrats supérieurs de la curie étaient-ils seuls honorés du nom de sénateurs. 3° Enfin, les familles riches et considérables, qu'elles fussent ou non agrégées depuis longtemps au sénat de Rome ou à celui de la cité. Au milieu du désordre des temps, toute famille importante dans sa ville devenait bientôt une famille sénatoriale, et ce titre était donné presque indifféremment à la grandeur de fait et aux anciens droits.

  1. Évang. sel. S. Math. chap. 21, v. 31.