Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/480

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disant : « Lorsque vous voudrez faire ce que je vous ordonne, le matin avant de commencer votre entreprise, prenez cette boisson, elle vous donnera plus de courage pour faire ce que vous devez exécuter. » Après les avoir instruits de cette manière, elle les fit partir. Ils se mirent en route, et en arrivant à Soissons, ils furent pris par le duc Rauchingue, et ayant été interrogés, découvrirent le tout, et furent mis en prison chargés de liens. Peu de jours après, Frédégonde, inquiète de savoir si ses ordres avaient été accomplis, envoya un serviteur s’informer de ce qui se disait dans le public, pour tâcher de découvrir par quelqu’indice s’il y avait lieu de croire que Childebert eût été tué. Le serviteur partit et vint à la ville de Soissons : là, ayant entendu dire que les clercs étaient retenus en prison, il s’approcha de la porte ; mais comme il commençait à parler aux satellites de la reine, il fut pris lui-même et remis entre les mains des gardes. Alors tous ensemble furent envoyés au roi Childebert. Interrogés, ils découvrirent la vérité, déclarant que Frédégonde les avait envoyés pour tuer le roi. « La reine, dirent-ils, nous avait ordonné de nous feindre des mendiants, et nous voulions te percer d’un poignard au moment où nous aurions embrassé les pieds pour te demander quelque aumône, et si le coup porté par le fer ne s’enfonçait pas assez vigoureusement, le poison dont il était empreint devait plus rapidement pénétrer jusqu’à ton ame. » Lorsqu’ils eurent dit ces paroles, on les appliqua à divers tourments, on leur coupa les mains, les oreilles et les narines, et ils moururent chacun d’une mort différente.