Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/482

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De là tombant entre les mains des Toulousains, ils eurent à en souffrir beaucoup de maux, et dépouillés, maltraités, purent à grand’peine retourner dans leur pays. Ceux qui étaient arrivés à Nîmes, dévastant tout le pays, après avoir brûlé les maisons, incendié les moissons, coupé les vignes et abattu les oliviers, ne pouvant nuire à ce qui était enfermé dans des murs, prirent le parti de marcher vers d’autres villes. Mais elles étaient bien fortifiées, remplies de vivres et de toutes les autres choses nécessaires, en sorte qu’ils dévastèrent leurs environs, mais ne purent pénétrer dans les villes mêmes. Le duc Nicet qui avait conduit à cette expédition les gens d’Auvergne, assiégeait les villes de concert avec les autres troupes ; mais ne pouvant les emporter, il marcha vers un château, et sur sa parole, ceux qui y étaient enfermés ouvrirent leurs portes, et croyant à sa promesse le reçurent en ami. Lorsqu’il fut entré avec ses gens, au mépris de leur serment, ils dispersèrent la garnison, et emmenèrent en captivité tous ceux qui étaient dans le château, puis ils se déterminèrent à retourner chacun chez soi, commettant dans la route, à travers leur propre pays, tant de crimes, de meurtres, de pillages et de ravages, qu’il serait trop long de les rapporter en détail.

Comme ils avaient brûlé, ainsi que nous l’avons dit, les récoltes (les provinces qu’ils traversaient, exténués de faim et de misère, ils périssaient par les chemins ; plusieurs se noyèrent dans les rivières, d’autres furent tués par le peuple soulevé. On rapporte qu’il en périt de ces diverses manières plus de cinq mille. Mais ceux qui restaient n’étaient pas cor-