Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saintes solennités jusqu’à ce que, par des recherches générales, on eût trouvé les auteurs du crime. Il en fit saisir quelques-uns qui, livrés aux tourments, se laissèrent arracher la vérité, et déclarèrent que la chose avait été faite par Frédégonde ; mais elle se défendait, et on ne put en prendre vengeance. On dit qu’il fut envoyé des assassins contre l’évêque, à cause de l’activité qu’il mettait à ces recherches ; mais, comme il était entouré et gardé par les siens, ils ne purent lui faire aucun mal.

Lorsque ces choses eurent été annoncées au roi Gontran, et qu’il eut appris l’accusation qui pesait sur cette femme, il envoya trois évêques à son fils, fils, dit-on, de Chilpéric, dont nous avons déjà parlé sous le nom de Clotaire. Ces évêques étaient Arthémius, évêque de Sens, Véran [Veranus], évêque de Cavaillon, et Agræcius [Agrécius], évêque de Troyes. Il les chargea de rechercher, de concert avec les gouverneurs de l’enfant, par qui avait été commis ce crime, et d’amener le coupable en sa présence ; mais lorsque les évêques eurent parlé aux seigneurs, ceux-ci répondirent : « Cette action nous cause un grand déplaisir, et nous désirons de plus en plus en prendre vengeance ; mais, s’il se trouve parmi nous quelque coupable, il ne peut être conduit en présence de votre roi, car nous pouvons réprimer, avec la sanction royale, les crimes qui se commettent parmi nous. » Alors les évêques leur dirent : « Sachez que, si la personne qui a commis ce crime ne nous est pas remise, notre roi viendra avec une armée, et livrera tout ce pays au fer et aux flammes ; car il est manifeste que l’évêque a été frappé par la même personne qui a fait