Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/54

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Lui et se consacra à la vie religieuse. Ils étaient tous deux livrés aux oraisons, aux aumônes et aux bonnes œuvres. Pendant qu’ils se conduisaient ainsi, la haine du démon, qui est toujours ennemi de la sainteté, s’exerça sur la femme ; l’ayant enflammée de concupiscence pour son mari, il en fit une nouvelle Ève. Enflammée de désirs et couverte des ténèbres du péché, elle se rendit, au milieu de l’obscurité de la nuit, à la maison épiscopale. Ayant trouvé tout fermé, elle commença à frapper à la porte et à dire : « Jusques à quand dormiras-tu, évêque ? Jusques à quand n’ouvriras-tu pas tes portes fermées ? Pourquoi méprises-tu ta femme ? Pourquoi tes oreilles sont-elles insensibles, et n’écoutes-tu pas ce précepte de Paul, qui a dit : Ne vous refusez point l’un à l’autre ce devoir, de peur que le démon ne prenne sujet de votre incontinence pour vous tenter[1] lv. Voilà que je viens vers toi, et ce n’est pas vers un étranger, mais vers mon mari que je viens. » La religion du pontife s’endormit enfin par l’influence des paroles de cette femme. Il lui ordonna d’entrer dans son lit, d’où il la fit retirer après s’être livré à sa passion. Ensuite, revenu trop tard à lui, et gémissant du crime qu’il avait commis, il se retira dans le monastère de son diocèse pour y faire pénitence. Après y avoir lavé sa faute par ses gémissemens et ses larmes, il retourna dans sa ville. Ayant atteint le terme de sa vie, il sortit de ce monde. De son péché naquit une fille qui se voua à la vie religieuse. Le pontife fut enterré avec sa femme et sa fille dans le caveau

  1. 1re Épît. de S. Paul aux Corinth. chap. 7, v. 5.