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LIVRE SECOND


Nous rapporterons confusément, et sans aucun ordre que celui des temps, les vertus des saints et les désastres des peuples. Je ne crois pas qu’il soit regardé comme déraisonnable d’entremêler dans le récit, non pour la facilité de l’écrivain, mais pour se conformer à la marche des événemens, les félicités de la vie des bienheureux avec les calamités des misérables ; car, en y regardant attentivement, le lecteur curieux trouvera, dans les histoires des rois israélites, que le sacrilège Phinée mourut sous Samuel-le-Juste, et le Philistin Goliath sous David, surnommé le Bras Victorieux. Et dans ce temps où Élie, prophète illustre, supprimait à son gré les pluies, à son gré les faisait descendre sur les terres desséchées, et par ses paroles changeait en richesse l’indigence d’une pauvre veuve, on peut se rappeler aussi quelles désolations tombèrent sur les peuples, quelle faim, quelle soif vinrent tourmenter la terre malheureuse. Quels maux ne souffrit pas Jérusalem dans le temps d’Ézéchias, à la vie duquel Dieu voulut ajouter quinze années ? Et sous le prophète Élysée, qui rappela les morts à la vie, et fit, au milieu des peuples, beaucoup d’autres miracles, quels carnages, quelles misères affligèrent les peuples israélites ? Eusèbe, Sévère, Jérôme et Orose, ont mêlé de même dans leurs chroniques les