Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/78

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et, ayant été lavé par les fidèles, il fut enterré auprès du rempart public. Nous avons écrit, dans le livre des Miracles xiv, comment le corps de ce saint fut transféré après un long espace de temps.

Les Huns étant donc sortis de la Pannonie, vinrent, dépeuplant le pays, à la ville de Metz, où ils arrivèrent, ainsi que quelques-uns le rapportent, la veille du saint jour de Pâques. Ils livrèrent la ville aux flammes, passèrent les habitants au fil de l’épée, et égorgèrent même les prêtres du Seigneur devant les autels sacrés. Rien n’échappa à l’incendie, que l’oratoire de saint Étienne, premier martyr et diacre. Je n’hésite pas à raconter ce que j’ai entendu dire à quelques-uns au sujet de cet oratoire. Ils rapportent qu’avant l’arrivée des ennemis ils eurent une vision, dans laquelle leur apparut ce pieux fidèle, le bienheureux diacre Étienne, s’entretenant avec les saints apôtres Pierre et Paul sur tous ces ravages, et disant : « Je vous conjure, messeigneurs, d’empêcher, par votre intercession, que nos ennemis ne brûlent la ville de Metz ; car dans un endroit de cette ville sont les restes de mon pauvre corps ; mais plutôt que les habitants connaissent que je peux quelque chose auprès du Seigneur ; et que si les crimes du peuple se sont tellement accumulés que la ville ne puisse éviter l’incendie, que mon oratoire en soit au moins préservé. » Ils lui répondirent : « Vas en paix, très cher frère ; l’incendie ne respectera que ton oratoire. Quant à la ville, nous ne pouvons rien obtenir, parce que la volonté divine a déjà prononcé la sentence ; car les péchés du peuple se sont accumulés, et le cri de sa méchanceté est monté jusqu’en présence de Dieu : la ville