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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/241

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il a fallu avancer la valeur pour qu’ils existassent, et tout service sans la coopération duquel ils n’existeraient pas est productif. La mesure de l’utilité de sa coopération est la part qu’il obtient dans la valeur produite ; car si l’on pouvait obtenir le même effet à meilleur marché, on ne le paierait pas à ce prix. Ainsi donc, quand les services réunis d’un fermier, d’un fonds de terre et d’un capital, ont produit un hectolitre de blé de 20 francs, et que, sur cette somme, le fermier et ses serviteurs ont obtenu 10 francs, le propriétaire du fonds 5 francs, et celui qui a fait les avances nécessaires pour cette exploitation, 5 francs, on peut conclure que, sur la valeur totale de ce produit, les travaux de l’industrie ont créé une valeur de 10 francs, la coopération du sol une valeur de 5 francs, et la coopération du capital une valeur de 5 francs[1].

Les salaires de tous ces services, étant analogues entre eux, peuvent porter un nom qui leur soit commun, celui de profits[2]. Ainsi les profits des industrieux forment le revenu des industrieux, les profits des fonds de terre forment le revenu des propriétaires fonciers, et les profits des capitaux, le revenu des capitalistes.

Il y a un certain nombre de produits qui ont une valeur, puisqu’on les paie, mais une valeur qui ne s’attache

  1. Cette conclusion est vivement contestée par diverses sectes d’économistes. Quesnay et ses partisans croyaient qu’il n’y avait là dedans de valeur produite que les cinq francs que le fermier paie au propriétaire. D’autres pensent que les vingt francs sont en totalité le prix d’un travail humain. On ne peut avoir là dessus une opinion éclairée, que lorsqu’on a envisagé la question sous toutes ses faces ; en attendant et dans toutes les applications pratiques, même lorsqu’il s’agit d’impôt, maigre ce qu’en dit David Ricardo, on ne risque absolument rien en s’appuyant sur le principe ici posé.
  2. Le même mot, appliqué à des choses diverses, amène la confusion des idées ; mais donner un nom pareil à des idées semblables, c’est les éclaircir.