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Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/264

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se placent pas avantageusement dans l’étranger lorsque nos besoins, lorsque notre circulation en réclament, car alors ils valent plus chez nous qu’au dehors, et les spéculations du commerce nous en apportent au lieu d’en exporter. Ce n’est pas un solde à payer ou à recevoir qui fait voyager les métaux précieux, c’est uniquement le rapport de leur valeur dans les deux pays, c’est-à-dire de la quantité de marchandise qu’ils peuvent acheter. Quand, au lieu de marchandise, les commerçans envoient de l’argent, c’est parce que l’argent leur procure de plus gros retours que toute autre marchandise ; or ce qui leur est plus avantageux est aussi ce qui est plus avantageux à leur pays[1].

Le fait est que l’on ne paie jamais les produits étrangers qu’avec ses propres produits, même lorsqu’on les paie en argent. Un pays contient des mines ou bien n’en contient pas ; dans le premier cas, en payant l’étranger avec de l’argent, il paie avec un produit de son sol et de son industrie ; s’il n’en contient pas, il ne peut acquérir l’argent qu’il donne qu’après l’avoir acquis avec ses produits indigènes. Ces derniers peuvent seuls subvenir d’une manière suivie aux exportations, parce que, renaissant sans cesse, ils peuvent seuls être constamment exportés sans devenir plus rares, et sans s’élever à un prix qui en ferait cesser l’exportation. Le système de la balance du commerce est une vieillerie qui n’a pu naitre que dans un temps où l’on ignorait quelle était la nature

  1. Cette dernière maxime n’est constamment vraie que pour ce qui a rapport au commerce extérieur. Dans le commerce intérieur, les bénéfices d’une classe peuvent avoir lieu aux dépens d’une autre classe, et le pays n’en être pas plus riche. C’est le cas de tous les privilèges. Quand on établit une maîtrise, la corporation peut maintenir ses produits plus chers, en les préservant de la concurrence générale ; mais c’est alors le consommateur qui paie ce gain abusif ; abusif en ce que le consommateur a droit d’acheter les objets de ses besoins à quiconque les lui fournit au meilleur marché.