Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/18

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y montait comme dans les carrosses du roi, un certificat de d’Hozier à la main. Maintenant le peuple a reconquis sa place dans l’histoire ; il est reconnu que c’est lui surtout qui la fait, et chacun, conversant avec le passé, y trouve ce charme qui est cause, suivant l’auteur des Maximes, que deux amants ne se lassent jamais d’être ensemble, attendu qu’ils ne parlent que d’eux-mêmes.

Les uns, se bornant à satisfaire leur curiosité, cherchent des détails piquants, des situations intéressantes, des rapprochements singuliers ; les autres, plus graves, demandent aux temps qui ne sont plus, la règle du présent, la prévision de l’avenir. Tous remuent la poussière des siècles.

Voyez ces jeunes écrivains : comme ils s’empressent, comme ils disputent de zèle et d’activité ! Ils fouillent, ils creusent, ils minent. Les abîmes les plus profonds, ils s’y engloutissent avec joie ; le fardeau le plus lourd, ils le réclament ; la fatigue la plus rude, ils l’ambitionnent. Heureuse intrépidité ! louable émulation ! Néanmoins en applaudissant à ces efforts, je ne puis me défendre d’un vif regret, ni dissiper une crainte sérieuse. C’est que les études historiques ne prennent une direction trop matérielle et exclusivement mécanique.

Sans doute il est indispensable de puiser aux sources : désormais les erreurs convenues, les croyances illégitimes ne doivent plus avoir cours. Mais parce qu’il est profitable de recueillir d’antiques documents, parce qu’on a su gré à des hommes patients et laborieux d’avoir rassemblé, éclairci, commenté des diplômes, des chartes, des chroniques, et ressuscité