Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/187

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auquel l’Angleterre a longtemps aspiré est produit, mais par une autre voie ; la première n’avait jamais conduit à bien.

Il y en a une raison, Messieurs, sur laquelle je vous demande la permission de vous arrêter un moment : l’action directe suppose, dans ceux à qui elle est confiée, beaucoup plus de lumières, de raison, de prudence ; comme ils atteindront le but sur-le-champ et de plein saut, il faut qu’ils soient sûrs de ne le point manquer. Les influences directes, au contraire, ne s’exercent qu’à travers des obstacles, après des épreuves qui les contiennent et les rectifient ; elles sont condamnées, avant de réussir, à subir la discussion, à se voir combattues, contrôlées ; elles ne triomphent que lentement, à condition, dans une certaine mesure. C’est pourquoi, lorsque les esprits ne sont pas encore assez avancés, assez mûrs pour que l’action directe leur puisse être remise avec sécurité, les influences indirectes, insuffisantes, sont pourtant préférables. C’était ainsi que le peuple chrétien agissait sur son gouvernement, très incomplètement ; beaucoup trop peu, J’en suis convaincu ; cependant il agissait.

Il y avait aussi, Messieurs, une autre cause de rapprochement entre l’Église et les laïques : c’était la dispersion, pour ainsi dire, du clergé chrétien dans toutes les conditions sociales. Presque partout, quand une Église s’est constituée indépendante du peuple qu’elle gouvernait, le corps des prêtres a été formé d’hommes à peu près dans la même situation : non qu’il ne se soit introduit parmi eux d’assez grandes inégalités ; cependant, à tout prendre, le pouvoir a