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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/336

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volution. À peu près au même moment où le concile de Pise entreprenait de faire cesser le grand schisme d’Occident, et le concile de Constance de réformer l’Église, éclatèrent avec violence, en Bohême, les premiers essais de réforme religieuse populaire. Les prédications et les progrès de Jean Huss datent de 1404, époque où il a commencé à enseigner à Prague. Voilà donc deux réformes qui marchent côte à côte ; l’une dans le sein même de l’Église, tentée par l’aristocratie ecclésiastique elle-même, réforme sage, embarrassée, timide ; l’autre, hors de l’Église, contre elle, réforme violente, passionnée. La lutte s’engage entre ces deux puissances, ces deux destins. Le concile fait venir Jean Huss et Jérôme de Prague à Constance, et les condamne au feu comme hérétiques et révolutionnaires. Ces événements, Messieurs, nous sont parfaitement intelligibles aujourd’hui ; nous comprenons très-bien cette simultanéité de réformes séparées, entreprises l’une par les gouvernements, l’autre par les peuples, ennemies l’une de l’autre, et pourtant émanées de la même cause et tendant au même but, et en définitive, quoiqu’elles se fassent la guerre, concourant au même résultat. C’est ce qui est arrivé au quinzième siècle. La réforme populaire de Jean Huss a été momentanément étouffée ; la guerre des Hussites a éclaté trois ou quatre ans après la mort de leur maître ; elle a duré longtemps, elle a été violente ; enfin l’Empire a triomphé. Mais comme la réforme des conciles avait échoué, comme le but qu’ils poursuivaient n’avait pas été atteint, la réforme populaire n’a pas cessé de fermenter ; elle a attendu la première occasion, et l’a trouvée au