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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/408

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« J’ai eu ce matin une conversation avec M. de Sidney, gentilhomme anglais, qui m’a entretenu de la possibilité de ranimer le parti républicain en Angleterre. M. de Sidney m’a demandé pour cela 400 mille livres. Je lui ai dit que je ne pouvais en donner que 200 mille. Il m’a engagé à faire venir de Suisse un autre gentilhomme anglais, qui s’appelle M. de Ludlow, et à causer avec lui du même dessein. »

On trouve, en effet, dans les Mémoires de Ludlow, vers la même date, un paragraphe dont le sens est :

« J’ai reçu du gouvernement français une invitation de me rendre à Paris, pour parler des affaires de mon pays ; mais je me défie de ce gouvernement. »

Et Ludlow, en effet, resta en Suisse.

Vous voyez que l’affaiblissement du pouvoir royal en Angleterre était à cette époque le but de Louis XIV. Il fomentait des dissensions intérieures, il travaillait à ressusciter le parti républicain, pour empêcher que Charles II ne devînt trop puissant dans son pays. Dans le cours de l’ambassade de Barillon en Angleterre, le même fait se reproduit sans cesse. Toutes les fois que l’autorité de Charles II paraît prendre le dessus, que le parti national est sur le point d’être écrasé, l’ambassadeur français porte son influence de ce côté, donne de l’argent aux chefs de l’opposition, lutte en un mot contre le pouvoir absolu, dès que c’est là le moyen d’affaiblir une puissance rivale de la France. Toutes les fois que vous regarderez attentivement à la conduite des relations extérieures sous Louis XIV, c’est là le fait dont vous serez frappé.

Vous le serez aussi de la capacité, de l’habileté de