Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/410

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Il est difficile de déterminer avec quelque précision ce qu’on doit entendre par l’administration dans le gouvernement d’un État. Cependant, quand on essaie de se rendre compte de ce fait, on reconnaît, je crois, que, sous le point de vue le plus général, l’administration consiste dans un ensemble de moyens destinés à faire arriver le plus promptement, le plus sûrement possible, la volonté du pouvoir central dans toutes les parties de la société, et à faire remonter vers le pouvoir central, sous les mêmes conditions, les forces de la société, soit en hommes, soit en argent. C’est là, si je ne me trompe, le véritable but, le caractère dominant de l’administration. On voit d’après cela que, dans les temps où il est surtout nécessaire d’établir de l’unité et de l’ordre dans la société, l’administration est le grand moyen d’y parvenir, de rapprocher, de cimenter, d’unir des éléments incohérents, épars. Telle a été l’œuvre en effet de l’administration de Louis XIV. Jusqu’à lui, il n’y avait rien eu de plus difficile, en France comme dans le reste de l’Europe, que de faire pénétrer l’action du pouvoir central dans toutes les parties de la société, et de recueillir dans le sein du pouvoir central les moyens de force de la société. C’est à cela que Louis XIV a travaillé et réussi jusqu’à un certain point, incomparablement mieux du moins que les gouvernements précédents. Je ne puis entrer dans aucun détail ; mais parcourez les services publics de tout genre, les impôts, les routes, l’industrie, l’administration militaire, tous les établissements qui appartiennent à une branche d’administration quelconque ; il n’y en a presque aucun dont vous ne trouviez soit l’origine,