Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/421

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de toutes ces forces, leur coexistence légale, il n’y a, dis-je, que ce système qui puisse restreindre chaque force, chaque puissance dans ses limites légitimes, l’empêcher d’empiéter sur les autres, faire en un mot que le libre examen subsiste réellement et au profit de tous. C’est là pour nous, Messieurs, le grand résultat, la grande leçon de la lutte qui s’est engagée à la fin du dix-huitième siècle entre le pouvoir absolu temporel et le pouvoir absolu spirituel.

Je suis arrivé au terme que je m’étais proposé. Vous vous rappelez que j’avais eu pour objet, en commençant ce cours, de vous présenter le tableau général du développement de la civilisation européenne, depuis la chute de l’Empire romain jusqu’à nos jours. J’ai parcouru bien vite cette carrière, sans pouvoir, à beaucoup près, ni vous dire tout ce qu’il y avait d’important, ni apporter les preuves de tout ce que j’ai dit. J’ai été obligé de beaucoup omettre, et cependant de vous demander souvent de me croire sur parole. J’espère pourtant avoir atteint mon but, qui était de marquer les grandes crises du développement de la société moderne. Permettez-moi encore un mot. J’ai essayé en commençant de définir la civilisation, de décrire le fait qui porte ce nom. La civilisation m’a paru consister dans deux faits principaux : le développement de la société humaine et celui de l’homme lui-même ; d’une part, le développement politique et social, de l’autre, le développement intérieur, moral. Je me suis renfermé cette année dans l’histoire de la société. Je n’ai présenté la civilisation que sous son point de vue social. Je