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Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/188

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plus positifs. Des intérêts légitimes sont inquiets ou froissés ; la sécurité qu’on leur a garantie leur manque ; ils s’irritent du désaccord qui existe entre 1’état de trouble où ils se sentent et les promesses qu’on leur a faites, qu’on leur fait encore. Ils saisissent toutes les occasions de manifester leur mécontentement. Les élections, les pétitions, la défaveur témoignée aux agens de l’autorité, tout leur est bon pour faire éclater leur humeur ; et à mesure qu’elle éclate, elle devient plus profonde et plus active.

Il se rencontre des hommes qui s’en font les représentans et les organes. Le mécontentement des intérêts froissés, des classes inquiètes, se personnifie, pour ainsi dire, en eux. C’est à eux qu’on s’adresse ; c’est vers eux qu’affluent les abus à dénoncer, les plaintes à publier, les torts de l’autorité, les alarmes des citoyens. Ils deviennent ainsi le centre de ces dispositions éparses qu’ils recueillent et qu’ils expriment. Ils prennent, envers le pouvoir, une attitude de méfiance et d’hostilité. Ils sont toujours là, enclins au soupçon, et préparés à l’attaque. Ce sont des adversaires permanens dont les habitudes, les actes, les paroles, portent souvent les caractères extérieurs de l’inimitié.