Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la procédure, tout atteste qu’on veut placer l’opération qui se consomme ici au-dessus de toutes les influences, et s’élever, autant qu’il appartient à l’homme, dans cette région calme et pure où n’atteignent point les orages de la terre, où aucun nuage ne voile la clarté du jour.

Il le faut bien, il le faut absolument, car remarquez de quoi il s’agit. Dans les chambres le pouvoir ne manquera ni de contradicteurs ni d’obstacles ; si la machine est bien construite et fidèle, assez de forces seront intéressées à l’épier, à le combattre, à lui demander compte de ses actes, à l’amener sur le terrain des accommodemens et des transactions. Ces forces d’ailleurs sont entre elles sur un pied d’égalité ; nul pair, nul député n’a de droit sur un autre ; tous ont celui, de tout dire ; tous sont admis à dresser contre leurs adversaires toute la puissance que peuvent fournir le crédit, l’influence, le talent ; chacun s’appuie sur les masses dont il soutient l’intérêt ou la pensée ; chacun peut s’élever ou descendre un jour à la situation qu’occupent maintenant ses rivaux.

Quel spectacle nous offrent en revanche les tribunaux ? Un homme seul en présence du pouvoir qui l’accuse et de la justice qui l’attend ; un homme