Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/252

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le laisse une telle disposition d’une grande partie du public ? La conscience du péril le gagne bientôt à son insu ; mais il ne le rapporte point à sa vraie cause. Il se sent faible quoique armé de toutes pièces ; il s’en étonne, et se croit entouré d’ennemis, parce qu’il est seul.

De leur côté, les indifférens ne s’associent point aux inquiétudes du pouvoir ; ils assistent à sa destinée, soigneux seulement de se tenir en dehors. S’il s’agite, ils s’écartent de lui ; s’il a peur, ils ne font rien pour le rassurer ; si quelque bruit vague d’un danger plus réel se répand, ils évitent de s’en informer, d’en approfondir la gravité, d’en prévoir de loin les effets. Que faudrait-il faire ? instruire l’autorité, lui prêter secours, s’engager ainsi dans sa cause ? C’est précisément ce dont ils se soucient peu. Que l’autorité recherche elle-même, qu’elle sache, qu’elle se défende ; c’est son affaire ; rien ne les porte à y voir la leur, et ils ne veulent pas être compromis.

Cependant ils peuvent être atteints. Le pouvoir inquiet peut prendre des mesures incommodes même à ceux qu’elles ne touchent point. Que de citoyens qui n’auront jamais rien à démêler avec les lois d’exception et, à qui néanmoins elles déplaisent !