Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/256

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toujours. En conclura-t-on qu’ils conspirent contre le pouvoir auprès duquel il font toujours valoir les mêmes intérêts et portent toujours les mêmes plaintes ? Mais devant les tribunaux, le ministère public plaide toujours contre les accusés ; s’ensuit-il qu’il conspire contre la justice ? Il y a des juges pour démêler et décider qui a droit : de même il y a un gouvernement pour reconnaître si le mécontentement a des causes légitimes ou seulement naturelles, et pour y porter remède. Le pouvoir a autre chose à faire qu’à se défendre de l’opposition ; il est institué à charge de se juger lui-même, et de se réformer, si l’opposition a raison contre lui. C’est à lui à savoir ce qui fait des mécontens, ce qui les échauffe et les accrédite ; c’est à lui à empêcher que l’indifférence ne se propage, que le mécontentement ne succède à l’indifférence, et l’inimitié au mécontentement.

Mais quand il s’est trompé sur les causes de ces dispositions, il se trompe aussi sur leurs caractères ; il leur attribue une portée qu’elles n’ont point. Dans l’indifférence il a vu une malveillance positive ; il verra dans le mécontentement une inimitié déclarée. Cette similitude d’impressions qui existe chez les mécontens, cette rapidité avec laquelle ils s’unissent