Tais-toi, ce n’est pas à cela que tu es bon. Veux-tu te faire pendre ? il me faut un homme inconnu, obscur, qu’on puisse croire capable de tout, quelque chose qui tienne du moine, du médecin et de l’astrologue.
Oui, j’en connais un, un curé ! celui de Saint-Jean-d’Angely.
Bravo ! Eh bien, il faut le compromettre, c’est un drôle qui a de vilaines intentions sur la vie de M. de Guyenne.
Bien, sire.
Tu tâcheras aussi de ménager le duc de Rohan ; il est tout disposé à partir en Bretagne, il faut que je le garde à tout prix. Qu’on lui donne ce qu’il aime, des chevaux, des femmes, des dés, tout, car je suis libéral avec mes amis et j’aime à traiter les choses en grand. Demande à Tristan si jamais je me plains de ses comptes, et, tout brave homme qu’il est, je suis sûr qu’il me vole sur les sacs de cuir et les pourboires des aides.
Bien, sire.
Nous te donnerons tantôt des instructions plus étendues, en attendant prends ceci (il ouvre son pourpoint et tire une petite fiole parmi toutes les amulettes et les reliques qu’il a suspendues au cou), c’est un cadeau de notre ami le duc de Sforza. Tu en prendras quelques gouttes et tu me remettras le reste ; et tu auras soin de verser ce précieux baume dans un métal qui soit bien dur, car il ferait fondre le