Et toi, Tristan, toi qui sais jusqu’à quel point on meurt, est-ce que je te semble si près… de la tombe ? est-ce que mon front s’incline, est-ce que je n’y vois plus ? Je parle encore et demain je ferai un pèlerinage à Tours, cela nous fera grand bien… Le pèlerinage sera long et la route sera élevée… (À Coitier.) À boire, Coitier ! Si tu savais comme je brûle ! Est-ce qu’il n’y a de soulagements à tant de tortures que la mort ? Oh ! non ! tu vas faire cesser cela avec quelque remède nouveau et miraculeux, cela me soulagera. (Il boit.) Ah ! je voudrais quelque chose qui pût ainsi passer dans mon âme et la rafraîchir. Mes amis, rapprochez-vous de moi, plus près encore… et si la mort venait, vous m’en garantiriez, n’est-ce pas ? Quand il y a du monde, je ne crains rien, et puis… Coitier, approche-toi, viens, il faut que je te parle, écoute, éloignez-vous ! (Commines, Tristan, Olivier sortent) vous allez revenir quand je vous rappellerai, car je veux vous voir encore.
Scène III
Dis donc, Coitier, sais-tu que je me sens plus mal et qu’il faut que tu me guérisses.
Cela n’est pas en mon pouvoir.
Tu railles, car je paie pour me guérir. Songes-y, Coitier, si tu me guéris, je te donnerai la moitié de mon royaume, je te le donnerai tout entier ; je paverai d’or et de diamants la maison que te vit naître, je te