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DEUX MAINS
SUR UNE COURONNE[1]

ou
PENDANT LE QUINZIÈME SIÈCLE
(épisodes du règne de charles vi.)

I

la reine à paris.

Dis donc, Jehan de Montlhery, avez-vous vu le cortège de la reine ?
A. Dumas, La Tour de Nesle.

Dans Paris, ce jour-là, tout était en émoi ; la ville avait un air de fête, et la vieille façade du Louvre semblait même se dérider d’orgueil. Le Paris de 1385 n’était pas le Paris de nos jours, avec ses ponts et ses palais ; mais Paris alors, c’était une forêt de maisons noires, sales, petites, entassées, jetées sans ordre ni symétrie, et à chaque pas vous étiez arrêté par un édifice public qui venait se présenter à vous au milieu d’une rue tortueuse ; Paris, c’était une mer de peuple, une ruche noirâtre d’hommes, de femmes, de mendiants et de soldats.

Les maisons, ce jour-là, étaient tendues, les rues étaient jonchées de fleurs, les toits, les fenêtres, les greniers étaient remplis de toute cette multitude de

  1. Janvier 1836.