meil, nous avons froid, nous tremblons, car notre âme est vide et nue ; pas un rayon de vie ni d’amour.
Quand le feu est sur nos lèvres, la glace est dans notre cœur.
Ah ! parfois nous avons des heures amères et de poignants ennuis ; rester tous les jours et tous les soirs assises, avec des sourires sur les lèvres et la faim dans le ventre ; rire quand pleurer serait une volupté pour notre âme resserrée et comprimée chaque jour par les étreintes de la foule. Enfance, jeunesse, caducité, tout vient chez nous, et nous crache à la face le mépris avec l’or ; il faut nous priver du premier et nous servir du second.
Hélas ! hélas ! que de fois, lassées, nous avons tendu les bras vers le ciel ! que de fois nous avons tâché de nous soulever de la fange qui nous étouffait, et que de fois nous y avons été replongées par la cupidité, avec son croc d’argent, par l’orgueil brillant de pierreries, se pavanant dans des équipages, et par la faim, mère du crime !
Ah ! dormons, dormons !
Maudit soit le Seigneur qui nous a fait une existence d’opprobre et de misère, qui a voulu que notre vie fût une larme cachée par un sourire ! Maudit soit celui qui nous a fait les jours et les nuits si longs, si pleins d’amères voluptés, de mordantes amours !
Entends-tu, entends-tu, fils de Dieu, les hymnes de la terre qui montent au ciel ?
Hélas ! hélas ! ·
Non ! la paix règne sur vous, filles de malheur et d’infamie ; non ! vous dormirez toujours ! toujours ! tou-