Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/53

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smarh.

Comme la mer mugit ! sa colère est terrible.

satan.

Ce sont les œuvres de Dieu, elles frappent, elles déracinent, elles dévorent. Vois comme les rochers sont frappés ; entends-tu l’Océan qui les ébranle et qui voudrait les déraciner pour les rouler dans son sein avec les grains de sable ?

smarh.

Comme les vagues sont hautes ! (Il se rapproche de lui.) Celle-ci monte, elle va me prendre dans son vaste filet d’écume pour me rouler avec elle… ah ! elle tombe, elle meurt… Au secours ! au secours !

Il veut fuir. Satan l’arrête.
satan.

Que crains-tu donc, homme fort ? tâche de donner un coup de pied à l’Océan, ta colère ne fera pas seulement jaillir un peu d’eau.

Smarh veut courir, il trébuche, il tombe sur les pierres ; Satan le traîne pour le relever. Les vautours battent des ailes contre les rochers et ne peuvent monter plus haut. De grosses vagues noires se gonflent en silence et s’abaissent, la mer semble lassée.
smarh.

Grâce ! grâce !

satan le traîne sur les genoux

Debout ! debout ! homme fort, la tête haute devant la tempête ! Est-ce de cela que tu as peur ? Une vague, qu’est-ce donc ? N’as-tu pas une âme immortelle ? Que te fait la vie ?

smarh.

Pitié ! pitié !