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Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/195

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Crillon » et le « panache blanc », ainsi que « tout est perdu fors l’honneur » et « frappe, mais écoute ».

Après le dessert il chantait volontiers du Béranger, et il trouvait aussi qu’à ce moment-là un petit air de piano n’est pas désagréable à entendre ; tout ce qui n’était pas contredanse était pour lui de la musique d’enterrement.

Il buvait le champagne non frappé et répandait son café dans sa soucoupe.

Quand il passait dans les champs, devant une bicoque de paysans, il disait : « Ah ! j’aime ça, moi ! c’est bien, ça ! vive la campagne ! Toutes ces habitations respirent un air de propreté, d’aisance » et rentré dans la ville : « Voilà de belles maisons au moins ! c’est vraiment là qu’on trouve le bien-être, le confortable ! »

Dans l’hiver, en se chauffant à sa cheminée, il s’écriait : « Comme on y est bien ! on est là, réunis tous, en famille, tranquillement » ; au printemps il disait : « Ah ! voilà le printemps ! la belle saison ! on voit tout pousser, ça fait plaisir, ça promet » ; dans l’été : « J’aime l’été, moi, on peut s’asseoir sur l’herbe, faire des parties de campagne, on n’est pas renfermé entre quatre murailles », et à l’automne enfin : « Il faut avouer que c’est la plus belle saison de l’année que l’automne. Quoi de plus joli au monde que de voir tous ces paysans faire leurs récoltes ! »

Excellent homme, que la vue d’un enterrement attristait et que le clair de lune rendait pensif. Il s’amusait, au bal, à voir danser la jeunesse, disait « le tourbillon des plaisirs » et faisait son cent de piquet tous les soirs.

Avant de donner un sou à un pauvre, il voulait savoir si ce n’était pas un fainéant et pourquoi il ne travaillait pas dans les fabriques.

Dans sa maison, bien entendu, il était pour l’ordre et les bonnes mœurs, et se fût indigné s’il eût su que