Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et fumant une pipe démesurée que porte un enfant noir. — Il a une longue barbe blanche, une tunique qui flotte, un riche turban. — Il s’avance et, avec un petit lorgnon, considère attentivement toutes les femmes, exprimant par des gestes divers ce qu’il pense de chacune d’elles. — Enfin il s’arrête à Colombine, avec des démonstrations de satisfaction. — Pierrot, dans son coin, se démène. — Le Sultan tire un mouchoir de sa poche et le jette à Colombine. — Elle tombe à genoux dans une pose extatique en joignant les mains. — Mais la Sultane, froissée, s’avance vers le Sultan, qui la repousse dédaigneusement. — Colombine profite de ce jeu pour exprimer à Pierrot furieux qu’il faut céder à la fatalité. — Rage de Pierrot qui tremble. — Cependant il a le temps de donner à Colombine un rendez-vous pour le lendemain, vers un endroit qu’il lui désigne du doigt ; — car ils ont besoin de s’expliquer ensemble.

Quand le Sultan a suffisamment repoussé la Sultane, il part emmenant Colombine. — La Sultane achève de s’évanouir ; — deux femmes la soutiennent.

Mais à peine le cortège du Sultan est-il sorti, qu’elle se réveille tout de suite ; — chasse d’un geste ses esclaves ; — et ordonne non moins rapidement à Pierrot de la suivre dans le Harem. — Pierrot s’y glisse en tapinois, haletant, à quatre pattes.


ACTE IV.

Autre partie des jardins du sérail. Une tonnelle. Sur des ronds de gazon, des Amours, des ifs et des buis taillés en pyramides, en dômes et en paons, avec des yeux et des becs de porcelaine.

Scène première.

Colombine et Pierrot, après avoir débuté par de violentes invectives, se réconcilient et s’embrassent, chacun ayant à se pardonner bien des choses.


Scène II.

La Sultane se présente. — Elle est en quête de Pierrot ; — elle n’y tient plus ; — elle l’adore. — À la vue du baiser qu’il donne à Colombine, elle entre en frénésie. — Elle se jette sur Colombine, prête à l’étrangler de ses deux mains. — Pierrot fait des efforts pour les réconcilier.