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INDEX.
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NOTICE.


Chacun connaît la source où Flaubert a recueilli les développements de ce conte : deux courts passages des Évangiles de Marc et de Mathieu. La pieuse tradition lui a fourni les protagonistes et les péripéties du drame et jusqu’à certaines indications en quelque sorte scéniques : le banquet, les hésitations du tétrarque, l’intervention d’Hérodias, la danse de Salomé, le serment d’Hérode Antipas. Quant au personnage du Baptiste, Flaubert en connaissait, à la vérité, fort peu de chose, et nous n’en savons guère plus que lui.

Il était contemporain de Jésus. Il mourut quelques années avant lui, sous le règne de Tibère, par ordre du tétrarque Antipas.

C’était un homme extraordinaire. Sa jeunesse était entourée de légendes, et l’on disait que des miracles avaient favorisé sa naissance. Comme les Esséniens ses frères, il vivait, dans la solitude, sur les bords de la mer Morte, parmi les sables et les rochers de Judée, la vie délicieuse et rude des anachorètes. Insensibles aux douceurs du monde, n’ayant pour tout vêtement qu’un grossier manteau en poil de chameau, ils se nourrissaient de sauterelles et de miel sauvage et chaque matin purifiaient leur corps dans l’eau des fontaines. C’est pourquoi on les appela les baptistes ; et ils se nommaient aussi thérapeutes ou guérisseurs des âmes.

Mais Jean les surpassait tous par sa sainteté : elle était merveilleuse et terrible. Parfois, il sortait de sa retraite pour appeler