Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/32

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smarh.

Ô Dieu ! et où m’arrêterai-je ?

satan.

Jamais ! monte toujours !

smarh.

Grâce !

satan.

Grâce ? et pourquoi ? N’es-tu pas le roi de cette création ? Cette éternité qui t’entoure a été créée pour ton âme.

smarh.

Mais cette création roule sur moi et m’écrase, cette éternité m’étourdit et me tue.

satan.

Qui t’a donc troublé ainsi ?

smarh.

Ma tête est faible.

satan.

Vraiment ? Grandeur de l’homme ! Si je voulais pourtant, je la lâcherais, et tu tomberais, et ton corps serait dissous avant de s’être brisé au coin de quelque monde, pauvre carcasse humaine !

smarh.

Quand donc, maître, nous arrêterons-nous ? Je vais mourir, cette immensité me fatigue.

satan.

Tu es donc déjà las de l’éternité, toi ? Si tu étais comme moi, tu verrais !