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CHAPITRE II.

en 1859[1] ; leur triste situation ne leur semblait pas encore une garantie suffisante. Dans les caves de Magenta, par exemple, dans les recoins les plus obscurs de ce bourg désolé, plus de mille Autrichiens, la plupart blessés, s’étaient blottis après l’action, taisant leurs plaies et leur faim, tant ils avaient peur de leurs ennemis. Leur ignorance et leurs préjugés y étaient sans doute pour beaucoup ; mais qui oserait affirmer que leurs craintes fussent dénuées de tout fondement ?

Concluons donc, encore une fois, que le premier alinéa de l’article 6 a sa raison d’être dans la Convention.

§ 3. Le deuxième alinéa a peu de valeur en apparence, car il ne fait qu’attribuer aux commandants en chef une faculté que personne ne songe à leur contester, du moins avec les réserves dont on a pris soin de l’accompagner, c’est-à-dire à la condition qu’elle ne tournera pas au préjudice des blessés et qu’elle ne s’exercera qu’autant que les deux belligérants seront d’accord pour cela.

On comprend très-bien que l’on n’ait pas fait au vainqueur, maître du champ de bataille,

  1. Bertherand, campagne d’Italie, 75.