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CHAPITRE II.

la gravité relative des blessures occasionnées par les projectiles récemment inventés est exact, mais les statistiques médicales sur lesquelles on s’appuie n’éclaircissent pas le point important de cette controverse. Les catégories qu’elles établissent sont purement techniques et ne correspondent pas à celles qu’ont distinguées les rédacteurs de la Convention, placés à un point de vue essentiellement pratique. Des médecins peuvent s’entendre entre eux sur la définition des blessures graves et des blessures légères[1], mais le législateur n’a eu à se préoccuper que de savoir si un homme serait oui ou non en état de reprendre du service. Il pourrait donc fort bien arriver qu’une blessure dite grave, une fracture, par exemple, n’empêchât pas au bout d’un temps assez court le rétablissement complet du blessé.

Il est probable d’ailleurs que, si l’on eût assimilé sans réserve les blessures légères aux blessures graves, la proportion des premières se fut notablement accrue par suite de mutilations volontaires. Quand les soldats auraient su qu’au prix d’une égratignure, ils n’avaient qu’à se laisser prendre par l’ennemi pour être

  1. 1864, 21 ; — Appia, ouvrage cité, 142.