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APPENDICE.

en apparence, ne saurait cependant être considérée comme la preuve d’un état social plus avancé que celui qui avait précédé. C’était toujours la barbarie, aussi vivace que jamais, et, ce qui le prouve, c’est qu’on ne se faisait aucun scrupule de mettre à mort, au bout d’un certain temps, les prisonniers qui n’avaient pas été rachetés, soit qu’ils n’eussent point de fortune personnelle, soit que ni parents ni amis ne fussent disposés à faire en leur faveur les sacrifices d’argent nécessaires. Le vainqueur, qui ne se souciait pas de les avoir plus longtemps à sa charge, les faisait mourir alors de sang-froid, par la corde, par le fer, ou, ce qui était plus affreux encore, en les privant de toute nourriture.

Une ère meilleure s’ouvrit lorsque, à la rançon individuelle, succéda le système du rachat par l’État ; car alors les belligérants n’eurent plus aucun intérêt à faire périr les captifs. Bien au contraire. En signant la paix, ils se présentaient réciproquement la note des frais occasionnés par leurs prisonniers, et ceux-ci étaient libérés après le règlement des comptes. Équitable en principe, cet usage ne tarda pas cependant à tomber en désuétude, à cause des fréquentes contestations que la cupidité et la