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APPENDICE.

barbarie et sa cruauté, et conclure de ces prémisses qu’il faut faire la même chose, c’est raisonner en dépit du sens commun et de la logique la plus élémentaire. S’indigner à la nouvelle que l’ennemi s’est déshonoré par un acte sauvage, et partir de là pour se déshonorer soi-même en rivalisant de sauvagerie avec lui, c’est contraire à toute justice comme à toute moralité.

« Quand on pense qu’une pareille iniquité a pu être admise en principe, — qu’elle, a pu être considérée comme légitime jusqu’à nos jours ,— qu’elle a pu être mise en pratique par nos contemporains, — que des peuples soi-disant civilisés, que des armées prétendues régulières ont pu se faire les auteurs ou les complices de tels outrages à la justice et à l’humanité, — l’âme s’attriste, car elle entend le sang innocent des victimes crier au ciel, comme celui d’Abel ; et la raison rougit de voir l’homme, l’être intelligent par excellence, le roi de la création, s’avilir jusqu’à une dépravation si monstrueuse.

« Quant au troisième cas, il se rapporte à des prisonniers qui, par le fait de délits personnels, ont perdu le droit d’être considérés comme belligérants, et ne peuvent par conséquent plus prétendre aux égards dus à un en-