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ANNUAIRE PHILOSOPHIQUE.

L’auteur commence par signaler l’influence de l’opinion sur la marche des événements, tendant à leur imprimer des allures pacifiques. Il faut dire qu’il écrivait avant la guerre de la Prusse avec la France, et qu’alors, plein de confiance dans les efforts des sociétés de la paix, il était loin de présager la lutte formidable qui allait éclater, et qui donne aujourd’hui à son livre une si affligeante opportunité.

Jusqu’en 1863, il n’y eut que des stipulations éphémères, des aspirations, des projets, rien de réellement pratique. La société génevoise d’utilité publique, s’emparant de la question, provoqua une conférence internationale. La première proposition fut celle-ci : Que les gouvernements de l’Europe déclarassent que le personnel médical militaire et ses dépendances, seraient déclarés neutres par les puissances belligérantes.

Une autre conférence eut lieu vers la fin de la même année et émit le vœu que la neutralité fût proclamée en temps de guerre pour les ambulances et les hôpitaux, pour le personnel sanitaire officiel, les infirmiers volontaires, les blessés eux-mêmes ; qu’à cet effet un signe et un drapeau identiques seraient adoptés pour les faire reconnaître et les protéger.

Dix mois plus tard, les desiderata de cette conférence furent sanctionnés par une convention régulière, à la suite d’une invitation adressée par le Conseil fédéral suisse aux États de l’Europe et de l’Amérique. Le comité international, sous la présidence du général Dufour, a donné une sanction officielle à des idées qui étaient déjà dans l’air, mais qui avaient besoin d’être formulées définitivement.

La convention de 1864 comprenait dix articles disposant entre autres choses que les ambulances, les hôpitaux militaires et leurs personnels, seraient reconnus neutres, pendant et après l’occupation ; que les habitants du pays qui porteraient secours aux blessés seraient respectés et demeureraient libres et dispensés du logement de troupes ; que tout blessé soigné dans une maison y servirait de sauvegarde ; que les militaires blessés ou malades seraient recueillis et soignés à quelque nation qu’ils appartinssent, et renvoyés dans leur pays, si, après leur guérison, ils étaient reconnus incapables de servir. Qu’un drapeau et un brassard portant une croix rouge sur fond blanc, servirait de signe distinctif. Enfin, que les détails d’exécution de cette convention seraient réglés par les commandants en chef des armées belligérantes.