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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/138

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V

Rouge dans le sombre de la nuit, ses fenêtres vomissant un brouillard de lumière sur le quai, son ruisseau gonflé dégorgeant par la porte ouverte l’eau sanguinolente qui venait de laver le poisson, sa haute cheminée roulant sous le ciel une âcre fumée, la friture était en pleine activité, comme si toute la vie, toute la gaieté du petit port se fussent réfugiées là.

Dehors, tout noir, d’un noir épais de goudron, noyant la masse des maisons englouties dans le sommeil, endeuillant le port, sans qu’il fût possible de distinguer les centaines de mâts légèrement bercés par le flot, effaçant la jetée, la Chapelle, le fortin, les côtes ; seulement, au plus profond de cette encre, quelques points de feu mouvants, l’œil rouge ou vert des bricks en rade, et, très loin,