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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/157

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ardentes sur la frêle embarcation ; une voile rouge et une voile brune, il la reconnut : c’était la Corentine.

Un instant une effroyable pensée hanta son cerveau, un désir de meurtre ensauvagea ses traits. S’il disparaissait ! Si là, devant lui, un coup de vent, ou bien une lame de fond, la mer !… Mais non, Corentin Garrec était le plus fameux marin de Camaret grand oiseau aux ailes changeantes, la barque glissa entre les écueils, traversant les flocons neigeux, filant légère et adroite.

On ne voyait pas bien les hommes, mais, à l’arrière, à l’endroit où se tient le patron, il sembla à Hervé apercevoir quelque chose de blanc, qui remuait, en manière de signal. Un pressentiment le fit retourner, regarder en haut, du côté du sémaphore.

À l’endroit même où bâille terrifiante l’entaillure qui sépare, en coup de hache, le premier Dahouet de la pointe de Pen-Tir, debout sur un morceau de roche en surplomb à pic dans le vide, une femme se tenait, faisant voltiger à bout de bras un mouchoir.

— Mariannik !

Une fureur arracha ce nom de la gorge serrée d’angoisse de Guivarcʼh ; il lui parut que c’était là un nouveau défi qu’on lui jetait.

Il regardait de nouveau ; tout avait disparu, la barque et la jeune fille.