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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/215

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Mariannik baissa la tête, le regardant entre ses cils :

— Je vous espérais, Corentin !…

Il s’arrêta, coupé en pleine exaltation, le cœur chaviré, tout surpris :

— Ah ! vous ?… et je ne me doutais pas !… Mauvais mousse que j’étais !… Est-il possible, ma Doué !… je m’étais figuré !… Pour sûr que… Enfin, alors, vous me voulez bien ?…

Il s’embrouillait, ne comprenant plus, ne sachant que dire, comment s’expliquer, et si heureux que son bonheur l’étouffait :

— Oh ! tenez ! c’était comme quelque chose que j’avais là, dans la gorge, qui m’étranglait !… j’aurais fait un malheur, des fois !… oh ! ce…ce Revenant !…

— Il est si à plaindre ! dit-elle simplement. — Plus personne !…

— Alors, c’était seulement de la pitié… par bonté ?… Et moi, moi !…

De ses poings pesants il frappait son épaisse poitrine bombant sous le maillot de laine, et, moitié grondant, ayant saisi les deux mains de la jeune fille, il les serrait entre ses doigts rugueux, coupés de cicatrices.

— D’où veniez-vous ? questionna-t-elle, rougissant légèrement et sentant la nécessité d’abandonner une conversation aussi dangereuse.

— De chez ce pauvre gars de Dagorn ; encore un qui a eu de la peine !… Ah ! misère !…