du béret bleu, laissant voir un cou brun, musculeux, un peu court entre les larges omoplates. Il portait toute la barbe, courte, touffue, quasi crépue, la moustache laissant à découvert les lèvres rouges et les dents blanches, qui se montraient dans le rire.
Celui-là est du pays, il est né à Camaret comme ses parents y sont nés : les Garrec, c’est connu, sont une des vieilles familles de l’endroit. De quinze frères et sœurs qu’il a eus, il est le seul qui soit resté fidèle au petit port, le seul qui y fasse comme les camarades la pêche de la sardine. De ses frères, les uns sont à l’étranger, les autres sur mer, dans le service ou le cabotage ; il y en a de morts. Ses sœurs sont mariées aux environs, à Audierne, à Pont-l’Abbé, au Guilvinec, à Lesneven, un peu partout.
Enfant, Jean-Vincent-Corentin Garrec a barboté dans les flaques vaseuses que la marée basse laisse à découvert ; il a joué le long du quai sans garde-fou au risque de se tuer ou de se noyer cent fois, il a harponné les petites plies au trident ou à la fourchette, il a conduit les canots à la godille, il a pêché la crevette, il a couru les plages et les falaises. Mousse, il a été de jour, de nuit, à la pêche, avec son père, avec ses oncles, s’endurcissant au rude et périlleux métier, apprenant à nager, à manœuvrer les voiles ; puis il n’a plus quitté la mer. Il a servi sur elle comme marin de l’État, il a