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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/41

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Corentin vit dans sa secrète passion comme dans un beau rêve ; il s’est endormi la veille, le cœur en joie, l’âme embaumé de cette fleur d’amour subitement éclose en lui, car il a rencontré Mariannik sur le quai, et les yeux ont échangé un regard semblable à un aveu, un regard qui lui a paru aller puiser dans le cœur de la jeune fille le secret qu’il voudrait y trouver.

Ce matin, il s’est réveillé radieux, croyant vivre d’une vie nouvelle. Un grondement sourd, un souffle bien connu l’ont fait bondir de son lit, courir à la fenêtre ; il a reconnu la voix terrible de la mer, le rugissement de défi de sa vieille ennemie si longtemps adorée exclusivement.

En quelques minutes il s’est trouvé habillé, prêt à la lutte, tout au devoir, ne songeant plus au rêve d’or, aux joies amoureuses.

Autour de lui les bons compagnons se sont groupés, inquiets, tout à coup sombres, mais résolus, sans peur, levant ta tête devant la menace qui vient du large, des profondeurs ténébreuses.

Balanec s’étant machinalement retourné, regardait le sémaphore de Pen-hat, au mât duquel se balançait le cône, la pointe en bas, indiquant un coup de vent du sud. Brusquement il poussa une exclamation, gronda :

— Oh ! diable !… du nouveau !…

Lagadec eut un murmure :

— Ça devait arriver !