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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/43

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rouge ouvertes, s’étaient attelés aux câbles et halaient le bateau reposant sur le lourd chariot aidant à l’amener jusqu’à la mer.

Depuis la création de cette station de sauvetage, en 1866, les services rendus par ce canot, l’Edouard Hollandre, ne se comptent plus, et les Camaretois considéraient avec fierté la médaille de bronze fixée à son avant, décernée pour un sauvetage de deux jours en décembre 1874.

On le lança à l’eau, et les hommes de l’équipage, ceinturés de liège, couverts du suroît et de leurs cirés, empoignaient les avirons, tandis que Tonton Corentin, debout à l’arrière, le porte-voix d’une main, saisissait la barre de l’autre.

Le bâtiment en détresse se trouvait par le travers des Pierres-Noires, à environ dix milles dans l’ouest, dans les parages de la Basse-Large, l’un des dangereux écueils situés entre l’Iroise et le chenal du Four.

C’était tout là-bas, en plein Océan, à la mort presque certaine !

Tonton Corentin, sans un tressaillement, très calme, regarda si tous ses hommes étaient prêts, fit un grand signe de croix, et, ce geste répété par l’équipage, commanda :

— Démarrez !

Puis :

— Avant partout.

Le canot plongea, glissa à travers les eaux rela-