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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/61

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et 80 hommes d’équipage !… Des chiens de cailloux, tout de même !…

Il est quatre heures, la tempête commence à diminuer ; les canotiers, en deux sur leurs avirons, nagent vigoureusement pour aider à l’action de la voile, et déjà on peut exactement fixer le moment où ils entreront dans le port. Il y a plus de dix heures qu’ils sont en mer, et une émotion puissante emplit toutes les poitrines, en les voyant de retour après les avoir crus perdus.

Maintenant, tous sont à la joie du triomphe remporté, du nouvel acte sublime qui honore Camaret ; orgueilleux du bel orgueil des dévoués, en face de ces compagnons qui viennent ainsi de risquer leur vie, il leur semble que tous en soient, qu’eux aussi aient pris part à l’acte de dévouement, tellement ce sentiment est profondément ancré dans leur cœur, tant leur paraît naturel ce fait merveilleux, donner sa vie pour la vie d’un semblable, pour celle de l’inconnu, pour celle même de l’ennemi.

Type de la bravoure simple et sans emphase, fameux par ses nombreux sauvetages qui lui ont valu tous les diplômes et toutes les médailles, Tonton Corentin est là, debout à l’arrière, tenant toujours la barre de la même main infatigable et dirigeant adroitement le canot à travers les vagues bondissantes.

Au moment où il double le phare, avant de