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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/94

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camarades, ayant aussi le désavantage de venir après eux, de ne pas connaître le métier depuis si longtemps oublié ; il fit contre fortune bon cœur :

— Il le faut bien !

— Oh ! dame ! tu aurais pu avoir mieux avec tout cet argent dont tu me parlais, faire le commerce de l’écrevisse ou du homard avec l’Espagne, l’Angleterre ; même prendre à ton compte une friture, devenir usinier ; mais, que veux-tu, il faut savoir se contenter de moins ! On arrive tout de même, malgré que les temps soient diablement durs et que la sardine trompe beaucoup au jour d’aujord'hui !

Le vieux secoua la tête, souriant à des souvenirs rétrospectifs, à des époques d’abondance où le poisson venait en quantité, du poisson de belle taille, où les usines le payaient gros et où la concurrence était moins forte.

— On en a vu de rudes, depuis que tu as quitté le pays. Quand on pense qu’en 1879, en 1880, encore, la sardine se vendait 60 et 70 francs le mille. C’était un prix cela, et on trouvait à gagner sa vie ; tandis que, maintenant, c’est la misère, en comparaison, et il y en a qui renoncent à mettre les filets dehors !

Comme le jeune homme devenait plus maussade, semblant se dire qu’alors il était bien inutile de tenter un métier aussi peu productif, l’oncle reprit :